Est-ce que le citoyen remplace le journaliste maintenant qu’il peut facilement publier sur un blogue ou site web?
mise à jour le 25 février
Je me suis fait interviewer par une étudiante, Léonie Pelletier au programme de communications au Conservatoire Lassalle. Je me suis tellement emballé par ses questions, un documentaire duquel elles provenaient, et des réponses que je lui rédigeais qu’il fallait que je vous les partages. Le tout sera présenté en une série de trois billets – voici le troisième billet. Vous pouvez consultez le premier et la deuxième.
Premièrement elle me demande de consulter 2 documentaires sur la réalité de l’information / la nouvelle au Québec : On Tue La Une : Dans l’œil du cyclone et On Tue La Une : Quand le public prend la parole, diffusé à V télé en début 2010. Voici le lien pour consulter les documentaires. Je vous les recommande grandement, ils sont très bien fait, presque pas biaisé (tous les médias d’actualité traditionnels Québécois y sont interpellé sauf Télé-Québec et L’Actualité). Plusieurs journalistes et personnalités de la radio, la télévision et les journaux y figurent, ainsi que certains collègues du web de chez 25Stanley.com, Branchez-Vous et Fantique.ca. Voici le documentaire : http://vtele.ca/emissions/ontuelaune/9762.php
Question 4 :
Finalement, pensez-vous, comme on le mentionne de plus en plus, que les médias traditionnels disparaîtront à cause de la technologie, soit Internet?
Réponse 4 :
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Non. Si je regarde les grandes tendances (en évolution depuis 20-30ans), je dirais quand dans les prochains 10-25 ans,
- Il restera très peu de magazines. Les seuls magazines en Amérique du Nord à ne pas perdre des lecteurs à chaque année depuis 3 ans sont les titres de rénovation, de décoration, de jardinage et de cuisine – tout ce qui est intemporel (bâtir un coffre, faire une soupe aux tomates est très semblable aujourd’hui à ce que c’était il y a 20ans…). Les magazines ont le plus de misère à s’adapter au web qui est instantané alors qu’ils prévoient en ce moment ce qui sortira dans un numéro dans 2 à 4 mois (pour un mensuel). La façon de travailler est complètement différente.
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Les quotidiens se seront réinventé (quelques uns survivront bien que plusieurs tombent en ce moment aux États-Unis) avec un nouveau modèle d’affaire et des nouvelles plateformes : oui un site Web, mais aussi les médias sociaux, le iPad, le papier électronique (v.2 du iPad), etc… Ils finiront par trouver moyen de répondre à l’intérêt des gens et à proposer une valeur pour laquelle ces derniers seront incliné à payer – je ne sais pas comment, mais je suis persuadé que cela arrivera. Le modèle 100% payant ne fonctionnera pas sauf si toutes les sources de contenues « nouvelles / actualité » en ligne deviennent aussi payantes, et cela n’arrivera pas.
- Ils sauront s’adapter. Soit ils (journalistes) seront « forcés à la Québécor » ou ils identifieront pour eux-mêmes la valeur des nouvelles façons de faire du citoyen, du lecteur (consommation des médias et des nouvelles). Ces journalistes, comme ceux de la télé et de la radio, devront devenir multidisciplinaire (qu’ils le veulent ou non, que leur syndicat le refuse ou l’accepte) car leur concurrence (les citoyens journalistes, les blogueurs, les Tweeps et autres) le sont eux. C’est la nouvelle donne.
- De plus, en entreprise, tout le monde se serre la ceinture de plus en plus depuis que je travail dans le monde de la publicité (presque 20ans en agence, recherche marketing et média). Il faut à chaque année faire plus avec moins. Pourquoi les journalistes échapperaient-ils à cette réalité? Les outils nous permettent d’en faire plus avec moins – il est temps des adopter et d’aller beaucoup plus loin qu’imaginé auparavant.
- À date par contre, peu de succès chez les quotidiens en Amérique du Nord : Newspapers’ Online Strategies Failed In 2009
- De plus, je ne suis pas convaincu que les gens sont réellement prêt à payer pour les nouvelles d’un quotidien ou journal en ligne (surtout si le même contenu est disponible ailleurs. Selon un sondage aux États-Unis (j’ai aucune raison de croire qu’il en serait différent ici), 77% des gens ne sont pas prêt à payer (pas 1$). Sur les 23% prêt à payer, 19 des 23% seraient prêt payer entre 1$ et 10$ par mois. Est-ce que ces 23%, et peut-être quelques autre qui finiraient par céder, sont suffisant à ce prix + la publicité Internet pour permettre à un quotidien de survivre sans se réinventer complètement?: Poll: Most won’t pay to read newspapers online
- La télévision deviendra réellement interactive – la câble et les câblodistributeurs ouvriront les possibilités à toutes les chaînes, évolueront l’interface possible en ce moment à quelque chose de beaucoup plus actuel. Ils permettront la transmission bidirectionnelle d’information (plus que Illico sur demande). Nous pourrons éventuellement interagir avec une émission, ses animateurs / producteurs / collaborateurs / auditeurs / nos amis à l’écoute en temps réel ou différé via un téléviseur – et ce, pas juste sur l’information mais sur le contenu de divertissement aussi. La série annulé « Un Homme Mort » à TVA comportait un site web immensément interactif et accrocheur pour les fans. Ce type d’exploitation sera possible à l’écran de télé en parallèle de l’émission, ou en plus de. Imaginez une émission où l’auditeur décide dans quelle direction elle va, un peu comme les « livres dont vous êtes le héro ». Il y a là plein de possibilités prometteuses d’interactivité en télévision.
- La radio musicale je crois perdra des plumes au profit des options satellites, câble (Galaxie), le iPod (2000 pièces dans votre poche est bien plus puissant que 12 pièces sur une cassette/cd) et les webradios. Les amateurs de musiques veulent la musique qu’ils aiment, comme ils l’aiment et quand ils la veulent. Il y a plein de système et service de découverte de nouveaux artistes maintenant en ligne – qui sont tous en lien avec nos goûts personnels. Si on a le choix, pourquoi se tapper des pièces d’artistes qu’on n’aime pas? (même si on les respecte?)
- Mitch Joel parle plus en détail de ce qui afflige en ce moment les radio musicale (on veut de la musique, mais pas une petite liste en rotation…, je veux pas entendre parlé si je veux entendre de la musique…). Il apporte beaucoup de réflexion et des pistes de solutions pour de média ici : The Local Radio Dilemma
- Notons qu’il s’investi plus de dollars publicitaires au Canada incluant au Québec en publicité sur Internet qu’en radio lorsqu’on compare les investissements rapporté par les diverses instances officiels (consultez le Guide Annuel des Médias)
- La radio parlé évoluera dans son interactivité actuelle (ligne ouverte + courriels + sms en studio) pour adopter les nouvelles plateformes (médias sociaux, blogues, baladodiffusion et autres) afin de maintenir l’intérêt et la fidélité des auditeurs de tous âges. Je ne vois pas dans combien d’année notre voiture se conduira elle-même nous permettant de naviguer le web ou faire autre chose en transit. Entre temps, la radio demeure le meilleur compagnon de l’automobiliste.
- L’affichage extérieur et intérieur ne fera que croître pendant ce temps puisque c’est un média qu’on ne consomme pas par choix. Il est là pour rester et déjà avec les nouveaux panneaux électroniques, permettant de changer les messages à une fréquence donnée, voir même les cibler par jour et heure en plus de par quartier il verra sa valeur augmenter.
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Le web aussi subira des changements et défis fondamentaux – tout n’est pas rose en ligne. Selon les plus grands stratèges, visionnaires et futuristes, le web de demain sera une multitude de plateformes (www.youtube.com, www.facebook.com, www.twitter.com, www.tumblr.com, www.myspace.com, www.google.ca, etc…) qui nous présentera le meilleur de tout ce qu’il y a sur le web (à chacun notre goût bien entendu), ou encore tout deviendra hyper personnalisé (imagine un lecteur RSS au cube) – tout le contenu viens à moi et je n’ai jamais à consulter le site d’un média. Dans un tel univers, comment les sites média, les sites qui vivent que par la publicité contre son auditoire (qu’il soit « pure web » ou multimédia) feront pour financer leurs opérations?
- C’est comme l’industrie de la musique – ultimement, une pièce musicale deviendra gratuite. C’est moins chère de la donner que de charger et partager des fractions de cents. La valeur pour laquelle les gens ont toujours été (et seront toujours) prêt à payer est dans l’expérience : le spectacle, l’exclusivité non-copiable, le cercle intime, la marchandise…
Voilà, c’est la conclusion de cette série de trois billets.
Vous pouvez consultez le premier et la deuxième.
Vous pouvez constater l’évolution des médias traditionnels dans toutes leurs mesures dans un billet précédent : Performance des médias traditionnels