Le citoyen remplace le journaliste – partie 1 1

Est-ce que le citoyen remplace le journaliste maintenant qu’il peut facilement publier sur un blogue ou site web? Je me suis fait interviewer par une étudiante en communications pour un de ses cours. Je me suis tellement emballé par ses questions, un documentaire duquel elles provenaient, et des réponses que je lui rédigeais qu’il fallait que je vous les partages. Le tout sera présenté en une série de 3 billets – voici le premier billet. Vous pouvez consultez le deuxième et le troisième.

Mise à jour le 25 février 2010,

Il s’agit de Léonie Pelletier, étudiante au programme de communications au Conservatoire Lassalle.

Premièrement elle me demande de consulter 2 documentaires sur la réalité de l’information / la nouvelle au Québec : On Tue La Une : Dans l’œil du cyclone et On Tue La Une : Quand le public prend la parole, diffusé à V télé en début 2010. Voici le lien pour consulter les documentaires. Je vous les recommande grandement, ils sont très bien fait, presque pas biaisé (tous les médias d’actualité traditionnels Québécois y sont interpellé sauf Télé-Québec et L’Actualité). Plusieurs journalistes et personnalités de la radio, la télévision et les journaux y figurent, ainsi que certains collègues du web de chez 25Stanley.com, Branchez-Vous et Fantique.ca. Voici le documentaire : http://vtele.ca/emissions/ontuelaune/9762.php

Question 1 :

À la suite de l’écoute de ce documentaire vidéo, êtes-vous (en tant que Directeur Régional d’IAB Canada) d’accord avec les propos mentionnés, vous qui êtes directement lié à l’Internet et êtes vous fier que ce média prenne autant d’ampleur?

Réponse 1 :

Il y a deux questions là dedans :

  1. Si je suis d’accord avec les propos avancé dans le documentaire? Je crois que ce n’est pas une question d’opinion, mais de la réalité dans laquelle nous vivons, de l’évolution des choses. Internet permet pratiquement tout. Les outils (sites web (de médias « traditionnels » (ex : www.cyberpresse.com) ou citoyens journalistes (ex : www.wordpress.com), ou totalement indépendant (www.sympatico.ca), applications (ex. : réseaux sociaux tels www.facebook.com, www.twitter.com), fonctions (ex. : commentaires, forums, votes, etc.)) se créent pour combler des besoins (réels ou espérés). Les outils réellement utiles demeurent et prennent de l’ampleur, tandis que les autres disparaissent.
    1. Je choisi (personnellement) de porter attention à ce qu’utilisent / veulent les gens. Comment consomment-ils les contenus, quels contenus les intéresse réellement (car ce n’est pas obligatoirement ce qu’une salle de nouvelle pense ou trouve intéressant et pertinent – qu’ils jugent que le public doit savoir, en quoi ils sont intéressé).
    2. Je crois que la migration du traditionnel au numérique (interactif ou nouveau genre (jeux vidéos, mondes virtuels, mobile, iPad…)) prendra encore une génération pour atteindre la pénétration / usage actuelle de la télé ou la radio à 98%, car bien que les jeunes (jusqu’à 34ans) consomment principalement Internet, et que les plus âgés évoluent dans leurs comportements (passant de plus en plus de temps avec Internet en découvrant de nouvelles façons Web à combler leurs besoins), il demeurera un groupe (important en nombre) qui changeront peu leurs comportements et qui continueront de lire le journal papier et attendre le bulletin de nouvelles à 17h ou 22h pour savoir ce qui s’est passé dans la journée.
    3. Le documentaire accuse beaucoup les revenus publicitaires (donc les décisions d’agences de pub et des annonceurs) pour la chute des médias traditionnels (s’ils n’investissent pas, les médias ne peuvent pas proprement financer tous leurs projets…). Je crois que si les publicitaires investissent moins dans les quotidiens, les magazines, les télévisions généralistes et spécialisés ainsi qu’à la radio, c’est qu’ils reconnaissent un changement dans la consommation de ces médias par les citoyens (leurs consommateurs). Il y a de moins en moins de lecteurs de magazines et quotidiens depuis quelques années – par conséquent, les $ pub suivent les gens et fuient ces médias. Les annonceurs veulent A) parler aux gens là où ils sont et B) leur parler de façon à avoir un retour sur leur investissement.
    4. Je crois que la taille du Québec comme marché y est pour beaucoup. Notre « petitesse » jumelé aux coûts d’opérations de base (qui sont sensiblement les même à Montréal et à Chicoutimi qu’ils sont à New York et Chicago) font en sorte que les moyens pour opérer des médias traditionnels sont limités.
  2. Suis-je fier de cette situation? Ni oui ni non, ce n’est pas une situation de fierté ou d’aucun autre sentiment.
  • Je crois que les médias traditionnels (le documentaire parle particulièrement de l’information, des nouvelles, mais il s’agit aussi de tous les autres contenus – téléromans, magazines, documentaires, divertissement, histoires non-journalistiques…) doivent revoir leur mentalité, leur façon de faire. Cesser de produire et financer (pour ensuite faire des revenus publicitaires) des contenus qui les emballent pour plutôt produire et financer des contenus que les gens veulent et auxquels ils accorderont une réelle valeur. Révolu est le temps ou on regarde une émission médiocre parce qu’il y a rien d’autre (ex. : le film du dimanche après midi) car maintenant il y a toujours quelque chose de meilleur de disponible, si pas à la télévision, sur le web ou autre activité non-média (comme prendre une marche ou lire un livre).
  • Je crois que les médias se sont établi un standard de qu’est ou pas « l’information de qualité ». Je me question s’ils ont 100% raison, ou peut-être juste, 95% ou 75% raison dans leur estimation / jugement. La « valeur » de l’information n’est pas à eux de déterminer. C’est plutôt au citoyen de décider s’il est prêt à payer pour ce contenu avec de l’argent ou du temps dans le monde d’aujourd’hui où ce n’est pas le contenu qui manque. Il doit déterminer si ce contenu a de la valeur pour lui et combien il est prêt à payer pour – là est la réelle valeur d’un contenu – (pas son coût de fabrication / développement + profit espéré).
    • Jusqu’à maintenant, nous avons développé des concepts de contenus en espérant qu’il y ait un auditoire pour – et on les a réalisés / produits s’il y avait des annonceurs prêt à investir dedans. – je sais que je vais un peu loin avec ce propos, mais la réalité financière revient à cela directement ou indirectement.
    • Il est peut-être temps de ce concentrer que sur du bon contenu que les gens veulent. Les annonceurs seront toujours au rendez vous lorsqu’il y a un auditoire / lectorat de taille ou suffisamment niché.
  • La « nouvelle » est déjà une commodité. Outre que par la pub que les annonceurs payent, on (citoyens) paye pour le journal et les magazines, mais on ne paye pas pour écouter la radio, et on n’a pas l’impression de payer pour la télé (nous payons pour le câble qui réattribue des $ à toutes les chaines mais pas en proportion de leur consommation réel).Et oui, nous payons tous par nos impôts pour Radio-Canada. Il en est de même pour le Web après notre accès Internet. Il ne nous coûte rien de s’informer sur le web – il n’y a pas de droit d’accès aux sites de nouvelles. Si le site d’un journal charge pour un contenu qui se retrouve gratuitement ailleurs, le gros des intéressés se tourneront vers la gratuité. Cela fait maintenant 15 ans que l’actualité se retrouve gratuitement sur le web – il faudra y inclure beaucoup de valeur réel (pour l’usager) afin qu’il paye pour maintenant.

À suivre dans la deuxième partie

Vous pouvez constater l’évolution des médias traditionnels dans toutes leurs mesures dans un billet précédent : Performance des médias traditionnels

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